Après deux ans d’enquête, les autorités espagnoles ont procédé à l’arrestation de 77 membres d’un réseau de trafic de migrants. La filière faisait passer des exilés en Europe mais aussi aux États-Unis, via la Libye, l’Italie, l’Espagne et le Mexique.
Coup de filet en Espagne. Près de 80 personnes ont été interpellées dans différentes villes du pays, soupçonnées d’appartenir à un réseau transportant des migrants d’Inde, du Pakistan et de Bolivie vers l’Europe et l’Amérique du Nord, a annoncé la police espagnole jeudi 8 août dans un communiqué.
Dans le détail, 77 trafiquants de diverses nationalités ont été arrêtés et six responsables de l’organisation ont été écroués. Ces derniers étaient basés en Espagne et en Italie mais disposaient d’intermédiaires en Libye, en Bolivie et au Mexique. Plus de 200 policiers espagnols ou appartenant à Europol et à l’agence américaine Homeland Security Investigations ont participé à l’opération.
Dix sites, domiciles et agences de voyages, ont été perquisitionnés dans le cadre de cette enquête débutée en 2022. Les policiers ont ainsi mis la main sur 500 000 euros en liquide. Sur des images diffusées sur X par la police espagnole, on peut voir plusieurs dizaines de liasses de billets saisies.
De l’Inde aux États-Unis en passant par la Libye
Le réseau était composé de deux branches : la première faisait passer des citoyens d’origine indienne en Europe, avec pour destination finale les États-Unis ou le Canada. L’autre branche était dédiée à la promotion de l’immigration illégale de citoyens d’origine bolivienne en Espagne.
Les migrants indiens prenaient d’abord l’avion pour l’Égypte, via une escale à Bahreïn. Ils prenaient ensuite la route vers l’Est, direction la Libye. Depuis le littoral libyen, ils embarquaient sur des bateaux avec plus de 130 personnes vers l’île italienne de Lampedusa, « effectuant un voyage de 28 heures, sans eau et sans nourriture », précise le communiqué de la police. Une fois arrivés en Italie, les exilés étaient hébergés à Turin, jusqu’à leur transfert aérien vers Saragosse ou Barcelone, en Espagne.
Dans la péninsule ibérique, les migrants étaient « hébergés dans des hôtels jusqu’à ce que l’organisation leur envoie des passeports espagnols de citoyens naturalisés ». Les dirigeants de l’organisation étaient ensuite chargés de fournir aux migrants tout le nécessaire pour poursuivre leur voyage dans différentes villes du Mexique. Là-bas, ils étaient pris en charge « par les mafias qui opèrent à la frontière avec les États-Unis, appelées ‘coyotes’, et qui procédaient à leur entrée aux États-Unis comme point final de leur voyage », explique la police.